Entretien avec Joaquim FERNANDES
01/03/2011

L’administrateur de Mundifios a révélé au Jornal Têxtil  qu’en ce moment il se tourne vers les marchés internationaux du Maghreb et du Brésil, sans oublier l’Europe.


Cette entreprise familiale âgée de 26 ans, a pour activité principale le négoce – trading - de fils mais sous-traite également des fils plus spécifiques afin de pouvoir répondre aux besoins du marché.


Spécialiste du négoce de fils, Mundifios croît d’année en année et, actuellement, avec ses 26 ans d’existence et « l’élite des clients portugais » en portefeuille, elle se tourne vers les marchés internationaux.


Après le Maghreb et l’Europe, sa prochaine cible est le Brésil, à un moment où l’entreprise élargit son activité à la production, avec l’achat des installations de l’ancienne filature Fiação de Covas qui s’ajoute au contrat exclusif de production avec Têxtil Tsuzuki.
Dans un entretien au Jornal Têxtil , Joaquim Fernandes, administrateur de l’entreprise, a affirmé ces  projets, et d’autres encore, tout comme l’un des facteurs premiers du succès de l’entreprise : une bonne équipe qui, chaque jour, souffre avec les défaites et fête les victoires.


Jornal Têxtil (JT) – Comment a surgi Mundifios?


Joaquim Fernandes (JF) – Mundifios est une entreprise familiale qui est née en août 1985, et dont le siège était, à l’origine, à Selho S. Jorge, Pevidém.


En 1992, elle a changé de locaux car ayant besoin de plus d’espace, et, finalement en 1999, elle a définitivement aménagé dans le parc industriel de S. João da Ponte. Elle a été créée essentiellement pour des raisons d’opportunité. Dans la phase d’or du textile au Portugal, il était difficile de s’approvisionner en fils. A cette époque, dans les années 80, j’avais une participation dans l’usine Têxteis Penedo que j’ai vendue en 1990, et à cette époque, j’ai ressenti les mêmes difficultés d’approvisionnement. Il m’a semblé que serait une bonne occasion de créer une structure d’importation et distribution de fils.


Aujourd’hui Mundifios est un peu plus que cela. Bien que le nerf de son affaire soit le commerce de fils, elle sous-traite également des fils de mode mais aussi des fils spécifiques, dits spéciaux. Ils sont sous-traités car, pour le moment, nous ne disposons pas d’unité propre de production.


JT – Vous venez de dire “pour le moment”. Cela peut-il changer bientôt?


JF – Actuellement, du fait des difficultés qui existent par rapport aux matières-premières, notamment en terme de fils, nous avons déjà passé un contrat pour la totalité de la production de Têxtil Tsuzuki, mais nous avons aussi, bien que provisoirement pour le moment, acheté les installations de l’ex-Fiação de Covas en faillite. Fiação de Covas se consacrait aux fils spéciaux, en fibres synthétiques, chinés et fils mélangés et nous vendait 60% de sa production, commercialisant directement les autres 40%.


Avec la mise en faillite de l’entreprise, nous n’avons pas voulu perdre tout le travail réalisé jusqu’à présent, et bien que cela ne soit pas encore tout à fait définitif, il a été décidé que nous acquerrons l’usine. Nous allons bientôt y travailler, mais en tant que producteurs.


JT – Par rapport à Têxtil Tsuzuki, comment Mundifios est-elle engagée?
JF – Nous avons célébré avec eux un contrat au forfait, en régime d’exclusivité. Donc, Tsuzuki va travailler à 100% pour Mundifios, et Mundifios garantira l’approvisionnement en matières-premières, c’est-à-dire du coton puisqu’il s’agit d’une entreprise mono-produit. Nous fournissons actuellement tout le coton nécessaire pour le travail et, pour la prestation de ce service, Têxtil Tsuzuki percevra le montant accordé. 


JT – Si l’on tient compte, comme vous l’avez mentionné, que vous fournissez le coton, dans quelle mesure l’augmentation du prix de la matière-première a-t-elle affecté les affaires de Mundifios ? 


JF – Jusqu’à présent, cela a été favorable dans la mesure où Mundifios travaille à partir de forts stocks. Nous vendons en moyenne 2.000 tonnes de fil par mois, ce qui signifie que nous avons toujours au minimum 4.000 tonnes en chargement et en stock. Avec la forte et rapide valorisation du coton, ces 4.000 tonnes de coton sont à l’origine d’une plus-value. Il est évident que l’augmentation vertigineuse du prix implique une raréfaction, car seule la rareté justifie une augmentation si accentuée des prix. Cette idée de sous-traiter Tsuzuki s’explique par une grande difficulté d’approvisionnement en fil de coton, qui j’en suis certain, atteindra son pic dans les prochains 2/3 mois.


C’est ainsi que Mundifios sauvegarde l’approvisionnement de ses principaux clients, et c’est notre mission : servir nos clients avec rapidité, garantissant la qualité.


JT – Les fils que vous vendez sont-ils faits au Portugal?


JF – En réalité, le pourcentage de fils vendus, produits au Portugal, est minime.


Il augmente un peu actuellement mais, avec ces deux opérations, je calcule que nous ne produisons au Portugal pas plus de 10% de notre chiffre d’affaires.


JT – D’où viennent les autres 90%?


JF – Essentiellement de l’Extrême Orient.


JT – Le fait qu’à peine un infime pourcentage soit produit au Portugal est-il le fruit d’une option stratégique ou s’agit-il de la solution trouvée pour le manque de filatures au Portugal?


JF – C’est surtout pour cette seconde raison. Les unités de production ont disparu du Portugal, notre filière filature a pratiquement disparu, une infime partie subsistant, et il est impensable que notre secteur textile fonctionne sans importations.


Il serait même impossible que nous ayons un secteur textile – qui a encore une certaine expression - dans la mesure où c’est par les filatures qu’il a commencé à dépérir. Et les filatures ont fondu avec une telle rapidité, et tellement, qu’elles ont perdu la capacité de fournir l’industrie en aval.


JT – En 2010, lors de la commémoration de votre 25ème anniversaire, vous aviez évoqué comme objectif une croissance de 25% para rapport à 2009. Cet objectif a-t-il été atteint?


JF – Il a même été dépassé. Nous avons augmenté notre facturation de 50% lorsque nous avons fêté nos 25 ans. Cela a été notre cadeau. Mais, en lisant ces chiffres, nous avons la modestie de penser que cela n’est pas uniquement dû à la gestion. Ces 50% sont pour beaucoup dus à l’augmentation du prix des matières-premières, mais également, et c’est là le mérite de la gestion, à une politique d’internationalisation que l’entreprise a entreprise voilà 3 ans et qui commence à porter ses fruits.


JT – Quel est le chiffre d’affaires actuel de l’entreprise ?


JF – Mundifios a facturé, en 2010, près de 64 millions d’euros.


JT – Combien de personnes travaillent dans l’entreprise ? 


JF – Nous avons un effectif de 25 personnes


JT – Récemment Mundifios a reçu le Prémio Excelência no Trabalho [Prix d’Excellence dans le Travail], une reconnaissance de votre préoccupation par rapport à vos employés. Quels avantages accordez-vous à vos employés et comment cela peut-il contribuer au succès de l’entreprise ?


JF – L’administration considère que le groupe de travail, l’équipe, est le secret du résultat final. Nous n’aurions jamais obtenu les résultats que nous avons obtenus ces 25 dernières années - une partie significative des ressources humaines  travaillent depuis le début -  sans l’engagement du groupe. Ainsi, au fil des ans, nous avons accordé des avantages, bien mérités, en faveur des employés, c’est-a-dire nous avons récompensé leur dévouement à l’entreprise. Ce que nous sentons dans le groupe, c’est que tous souffrent avec les échecs et tous fêtent les victoires. Il règne effectivement un très fort esprit de groupe. La gestion compense ce dévouement en gratifiant cette disponibilité et ce don à l’entreprise  en payant 16 mois de salaire par an ; nous avons une assurance santé Médis pour tous avec, comme complément annuel pour toute la famille directe des employés, un chèque-dentiste ; lors de nos 25 ans, nous avons organisé une fête. Nous mettons chaque jour à disposition des employés de l’eau de source en bouteille, du café, du thé, des gâteaux… C’est une façon de motiver et de permettre aux personnes de se sentir bien au travail car, finalement, c’est l’endroit où elles passent le plus clair de leur temps.


JT – Quels “plus” Mundifios offre-t-elle à ses clients ?


JF – Notre entreprise est certifiée et la dernière norme ISO met l’accent sur le client, objectif de toute entreprise. Nous sommes certifiés et presque esclaves de cette règle, le client est la raison même de notre existence. Sans clients, pas d’affaires, et l’entreprise n’existerait pas. Voilà le pourquoi de notre engagement et de notre attachement pour aller à l’encontre des besoins de nos clients.


Mais il ne s’agit pas seulement d’aller à l’encontre de leurs besoins, c’est aussi les aider au-delà de la vente.


Nous possédons un laboratoire bien équipé qui nous aide à identifier les fibres des échantillons et nous offrons un appui technique, toujours axé sur le client. Aucun fil ne part chez le client avant que ne soient vérifiées sa composition et sa qualité.


Pour ce qui est des livraisons, nos clients savent qu’ils seront livrés en 24h : nous nous sommes engagés à répondre en 24h à n’importe quelle demande, dépendant naturellement, bien sûr, de la disponibilité du stock. 


JT – Vous avez combien de clients?


JF –Ça peut faire mauvais effet de dire que je l’ignore. Nous avons beaucoup de clients, je dirais entre 250 et 300 clients actifs. Nous avons l’élite de la clientèle portugaise. Tous les grands et bons clients portugais sont nos clients. C’est avec fierté que nous sommes leur fournisseur.


JT – Mundifios a récemment fait ses premiers pas dans l’expansion internationale. Quels marchés couvre actuellement l’entreprise? 


JF – En ce moment, près de 30% de notre chiffre d’affaires se fait à l’international. Notre objectif est d’atteindre, d’ici trois ans, le seuil de 50% à l’étranger. Notre objectif n’est plus de croître au Portugal, mais de grandir uniquement à l’étranger. Au Portugal, nous sommes pratiquement là où nous voulons, si ce n’est quelques clients où nous désirons augmenter. Pour ce qui est des marchés extérieurs, nous sommes au Maghreb et dans toute l’Europe.


JT – Quels autres marchés désireriez-vous couvrir?


JF – Les deux prochaines années, nous voulons consolider les marchés où nous sommes déjà présents, puis nous commencerons notre expansion au Brésil.


JT – L’an dernier, en juin, vous avez été présents pour la première fois au salon Texmed. Participez-vous à d’autres salons?


JF – Notre politique n’est pas tant d’être présents dans les salons, c’est plutôt d’être sur le terrain. Nous privilégions le contact direct avec les clients plutôt que la présence dans les salons.


JT – Quels sont vos objectifs futurs ?


JF – Nous allons nous concentrer sur les objectifs dont je viens de parler.  Notre but est d’atteindre 100 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici trois ans. Face aux rapides évolutions des marchés – et nous avons l’exemple des pays du Maghreb, le cas de la Tunisie qui, en un rien de temps, a cessé d’être un marché – nous considérons qu’il nous faut avoir une stratégie, mais pas une stratégie à très long terme. Nous devons l’adapter à la réalité.


in: Jornal Têxtil - mars 2011 nº 149